Bonjour !
Aujourd’hui, je vous parle d’Eldorado de Laurent Gaudé. Ma mère m’a offert ce livre à mon anniversaire il y a quelques mois et je l’ai lu la semaine dernière. J’ai mis du temps à l’ouvrir parce qu’il aborde un sujet très sérieux, très important, qui me tient à cœur, mais qui est particulièrement éprouvant je trouve. Je pensais aussi que je mettrai du temps à le lire, que l’écriture serait plutôt difficile, mais finalement je l’ai lu en deux ou trois jours.
Eldorado parle de l’immigration en long, en large et en travers. Ce sont deux histoires en parallèle dont les protagonistes vont finir par se croiser dans leur périple respectif. D’un côté, il y a Salvatore Piracci, capitaine d’une frégate, qui récupère des migrants au large de l’Italie qui sont ensuite rapatriés dans leur pays. De l’autre, on voyage aux côtés de Soleiman, un Soudanais, qui sacrifiera tout pour atteindre les terres européennes, l’Eldorado. On découvre aussi les personnes qu’ils fréquenteront tout au long de leur « exode ». Par exemple, l’ami du commandant, Angelo qui déclare une phrase plus que percutante :
« Combien de fois dans ta vie, Salvatore, as-tu vraiment demandé quelque chose à quelqu’un ? Nous n’osons plus. Nous espérons. Nous rêvons que ceux qui nous entourent devinent nos désirs, que ce ne soit même pas la peine de les exprimer. Nous nous taisons. Par pudeur. Par crainte. Par habitude. Ou nous demandons mille choses que nous ne voulons pas mais qu’il nous faut, de façon urgente et vaine, pour remplir je ne sais quel vide. Combien de fois as-tu vraiment demandé à quelqu’un ce que tu voulais ? »
Il est véridique que nous avons pris l’habitude de faire deviner à nos proches tous nos désirs, quelle que soit leur nature, et que nous ne demandons plus rien. Nous pensons que nos amis devineront nos moindres souhaits alors qu’ils ne sont tout simplement pas voyants. Nous n’avons plus le courage de prendre la parole pour énoncer ce que nous souhaitons ardemment. Nous attendons que quelqu’un d’autre le découvre, sans agir.
L’auteur traite le sujet de l’immigration avec une très belle plume – que je ne connaissais pas jusque là – et un grand sérieux. Pourtant, l’histoire est prenante et on a vraiment l’envie de connaître la fin pour Soleiman et Salvatore. Ce roman est rempli d’humanité et on déborde vite de compassion pour les deux personnages principaux.
« A cet instant précis, il n’y avait plus de bâtiment de la marine militaire et de mission d’interception. Il n’y avait plus d’Italie ou de Libye. Il y avait un bateau qui en cherchait un autre. Des hommes partaient sauver d’autres hommes, par une sorte de fraternité sourde. Parce qu’on ne laisse pas la mer manger les bateaux. On ne laisse pas les vagues se refermer sur des vies sans tenter de les retrouver. »
C’est tout simplement ça l’humanité. Sauver des hommes, des femmes, des enfants. Quel que soit le prix à payer. Parce que la vie est plus importante que tout le reste. Parce qu’ils se battent pour survivre et que nous ne pouvons pas les laisser mourir noyés, touchés par une arme à feu ou une bombe, assoiffés ou affamés… Nous sommes, avant tout, tous humains et nous devons nous entraider. C’est donc pour ça que j’ai beaucoup aimé ce roman. Il prend aux tripes et aborde la question de deux points de vue. Et on voit bien que c’est à la fois l’instinct de survie et la volonté d’aider qui en sortent vainqueurs.
Je vous laisse avec une dernière citation qui résume bien l’esprit du livre et qui en justifie le titre :
« – L’herbe sera grasse, dit-il, et les arbres chargés de fruits. De l’or coulera au fond des ruisseaux, et des carrières de diamants à ciel ouvert réverbéreront les rayons du soleil. Les forêts frémiront de gibier et les lacs seront poissonneux. Tout sera doux là-bas. Et la vie passera comme une caresse. L’Eldorado, commandant. Ils l’avaient au fond des yeux. Ils l’ont voulu jusqu’à ce que leur embarcation se retourne. En cela, ils ont été plus riches que vous et moi. »
Je vous conseille vraiment de lire ce roman, je pense qu’il devrait d’ailleurs être vu de tous pour que tout le monde se rende compte du périple immense de ces personnes.
Merci de votre lecture, n’hésitez pas à me dire si vous avez lu ce roman que ce soit en commentaire ici ou sur Instagram.
Booksvarden